Huit questions à David Twohig, directeur technique de l'Alpine A110
Nous avons profité du salon de Genève 2017 pour rencontrer David Twohig, le directeur technique d'Alpine. Moteur, boîte, refroidissement, usine... il dévoile certains secrets techniques de la nouvelle A110.
Que reste-il de Caterham dans cette nouvelle Alpine ?
Comme vous le savez, le projet a débuté avec
Caterham en 2012 et s’est terminé début 2014. Donc, effectivement, on retrouve un peu d’ADN de la marque anglaise qui s'inspire elle-même de
Lotus. Par exemple, le châssis extrudé en aluminium est issu de l’école Lotus.
Mais il y a aussi eu des choses qui nous éloignent de la philosophie Lotus comme la structure en aluminium et le soubassement qui sont entièrement collés/rivetés ou le réservoir de carburant, situé à l’avant pour permettre une meilleure répartition des masses de la voiture (44% à l'avant et 56% à l'arrière). Dans une Lotus, il est situé à l’arrière, entre les passagers et le moteur.
Le divorce avec Caterham a-t-il retardé le développement du projet ?
Oui, nous avons perdu un peu de temps car la moitié des ingénieurs provenaient de chez Caterham. Après le divorce en 2014, il a fallu reconstituer une équipe totalement dédiée à l’
Alpine. Après, vous dire combien de temps, je vais refuser de répondre…
Concernant le moteur, s’agit-il d’un bloc dérivé de celui de la Clio R.S. ?
Non, c’est un tout nouveau moteur en aluminium de 1,8 litre de cylindrée, développé par l’alliance Renault-Nissan peu avant le début du projet Alpine. Il est inauguré par la
nouvelle Alpine A110 et le bloc sera certainement utilisé par d’autres modèles du groupe dans le futur (ndlr : la future Mégane IV RS en 2018 . Par contre, tout ce qui est turbo, échappement, prise d’air, calibration ou encore refroidissement sont spécifiques à l’Alpine. Nous avons aussi réussi à contenir les émissions de CO2 a un niveau très bas (environ 140 g/km).
En parlant du refroidissement, pouvez-vous nous en dire plus sur celui de l'A110 ?
Le refroidissement n’était pas le point fort de la berlinette de l’époque. Sur ce nouveau modèle, il ne devrait pas y avoir de problème. Toute la partie refroidissement est placée à l’avant. Vous avez le radiateur, incliné à 45 degrés, et deux échangeurs air/eau pour refroidir le simple turbo qui ont l’avantage d’être légers et compacts. Tous les tuyaux passent dans le tunnel central. Il y a aussi deux prises d’air de chaque côté des custodes. Celle de gauche sert à l'admission d'air du moteur, celle de droite permet de refroidir le coffre. C’est utile si vous transportez une bouteille de champagne par exemple...
Pourquoi avez-vous fait le choix d’une boîte à double embrayage ?
Nous avons fait ce choix pour deux raisons. La première, vous allez avoir du mal à la croire : la boîte à double embrayage est plus légère que la boîte manuelle. Bien sûr, si vous pesez les deux boîtes, la manuelle sera plus légère. Mais il faut inclure tout le système et les accessoires. L’absence d’un levier de vitesses, de la pédale d’embrayage et du frein à main
(il est électrique sur la nouvelle Alpine) a permis de gagner des kilos. Et quand on fait la somme totale, la boîte à double embrayage est plus légère que la manuelle.
L’autre raison, c’est que 95 % de nos clients rouleront plus vite et avec plus de confort avec une boîte robotisée.
Est-ce une boîte spécifique pour l’Alpine ?
C’est une boîte à 7 rapports avec embrayage humide fournie par Getrag. Elle est de la même famille que celle qui équipe le Renault Espace TCe 200 ch. Mais l’étagement est spécifique et la calibration est unique pour l’Alpine.
Avez-vous envisagé des roues arrière directrices ?
En effet, au début du projet, nous avons étudié cette possibilité d'autant que la technologie existe chez Renault. Mais, elle a été très rapidement abandonnée car elle va à l'encontre de la légèreté et la nouvelle A110 n'a pas besoin de ce système pour être agile. De même, elle ne possède pas de différentiel à glissement limité.
La coque est-elle fabriquée à Dieppe ?
Entièrement en aluminium,
les éléments de carrosserie sont fabriqués par un équipementier qui n'est pas français mais européen. Pour la simple et bonne raison que l'usine d'assemblage de Dieppe ne dispose pas d'une presse pour façonner la carrosserie.
http://www.largus.fr/geneve/six-ques...e-8450393.html